A M. et Mme C.P***

O mes chers vieux amis, à l’époque trop brève,
Et pour moi disparue, hélas ! depuis longtemps,
Où l’on voit devant soi l’avenir qui se lève
Comme un soleil joyeux sur l’azur du printemps ;

Quand j’étais jeune, enfin, j’avais fait ce doux rêve
D’une existence entière – oui, de tous les instants –
Aube sans lendemain qui commence et s’achève
Dans la naïveté des amours de vingt ans.

Je ne réclame point. La vie est bonne mère
Elle mit sur ma route, en brisant ma chimère,
Une assez large part de bonheur en retour ;

Mais sans trouver en rien la destinée injuste,
Je salue, attendri, votre vieillesse auguste
Qui sut réaliser mon beau rêve d’un jour !

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