Carite pour jamais a quitté ces fontaines

Carite pour jamais a quitté ces fontaines,
Où ses yeux faisaient voir deux soleils dans les eaux.
Voilà bien le rivage, où parmi les roseaux,
Les zéphirs, pour l’ouïr, retenaient leurs haleines.

Voilà bien les forêts, dont les cimes hautaines
Semblaient porter sa gloire aux célestes flambeaux.
Mais ces lieux autrefois si plaisants et si beaux
N’ont plus de ses beautés que des images vaines.

Délices de mes jours, quel est votre destin ?
Vous passez comme fleurs, qui durent un matin,
Et laissez après vous des douleurs éternelles,

Douleurs, qui des plaisirs imitant les appas,
Peuplent tous ces déserts d’ombres claires et belles,
Et me font voir Carite, où Carite n’est pas.

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