Le ciel est bien cruel de faire les uns naître

Le ciel est bien cruel de faire les uns naître
Monarques souverains, princes et empereurs,
Les autres artisans, vignerons, laboureurs,
Et bergers qui aux champs mènent les brebis paître.

Car il advient souvent que celui qui est maître
Mériterait tenir le rang des serviteurs,
Dont quelques-uns qui vont se tuant de labeurs
Pour leur gentil esprit mériteraient mieux être.

Il est vrai qu’à la fin tout meurt également.
Le monde est un théâtre, où fortuitement
Chacun comme il lui vient joue son personnage.

Celui-ci fait le roi, celui-là fait le gueux ;
Mais moi, je fais toujours à mon dam et dommage
Le poète indigent et l’amant langoureux.

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