Au bord tristement doux des eaux, je me retire

Au bord tristement doux des eaux, je me retire,
Et vois couler ensemble, et les eaux, et mes jours,
Je m’y vois sec, et pâle, et si j’aime toujours
Leur rêveuse mollesse où ma peine se mire.

Au plus secret des bois je conte mon martyre,
Je pleure mon martyre en chantant mes amours,
Et si j’aime les bois et les bois les plus sourds,
Quand j’ai jeté mes cris, me les viennent redire.

Dame dont les beautés me possèdent si fort,
Qu’étant absent de vous je n’aime que la mort,
Les eaux en votre absence, et les bois me consolent.

Je vois dedans les eaux, j’entends dedans les bois,
L’image de mon teint, et celle de ma voix,
Toutes peintes de morts qui nagent, et qui volent.

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