Sus, gants, allez couvrir la main gentille et belle

Sus, gants, allez couvrir la main gentille et belle
De celle-là qui est cause de ma douleur,
Défendez-la du vent, du froid, de la chaleur,
Et que tout votre mieux soit employé pour elle.

Vrai est que je voudrais pour une Nymphe telle
Une peau plus subtile et de rare valeur,
Car bien que votre peau soit une peau de fleur,
Elle n’est pas pourtant digne de ma rebelle.

Mais si vous pouvez être, ô gants, tant honorés
Qu’elle vous touche un coup, tout soudain vous ferez
De votre heur sans pareil à Jupiter envie,

Qui voudra de nouveau se métamorphoser
En votre heureuse peau, pour toucher et baiser
Ses ivoirines mains meurtrières de ma vie.

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