Un jour de may, que l’aube retournee
Rafraischissoit la claire matinee,
Afin d’un peu recreer mes esprits,
Au grand verger, tout le long du pourpris
Me promenois par l’herbe fraische et drue,
Là où je vis la rosee espandue.
L’aube naissante avoit couleur vermeille
Et vous estoit aux roses tant pareille
Qu’eussiez douté si la belle prenoit
Des fleurs le teint, ou si elle donnoit
Aux fleurs le sien, plus beau que nulles choses :
Un mesme teint avoient l’aube et les roses. […]

Et dis ainsi : las ! à peine sont nees
Ces belles fleurs qu’elles sont jà fanees ;
Et, tant de biens que nous voyons fleurir,
Un mesme jour les fait naistre et mourir :
Mais si des fleurs la beauté si peu dure,
Ah ! n’en faisons nulle plainte à Nature.
Des roses l’aage est d’autant de duree
Comme d’un jour la longueur mesuree […]

Or, si ces fleurs un seul instant ravit,
Ce néanmoins, chacune d’elle vit
Son aage entier. Vous donc, jeunes fillettes,
Cueillez bientost les roses vermeillettes,
Puisque la vie, à la mort exposee,
Se passe ainsi que roses ou rosee.

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